Joyeuses Fêtes à tous
Portrait : Evoluer en toute liberté sur ce Plateau qui l’a vu grandir est pour Lesly Thévoz un bonheur véritable.
Evénements des prochaines semaines : Agenda du Plateau.
Une pensée de Noêl à tous de la part de Valentin Wepfler, président de Plateau Vivant.
Nos épicéas …. Cliquez sur la photo pour lire La Gazette 004
Elle est née à Bienne, mais c’est sur le Plateau de Diesse que Leïla Thévoz a appris l’essentiel : lever la tête, marcher longtemps, s’arrêter pour regarder. Depuis l’âge de 3 ans, elle grandit avec cette lumière particulière des hauteurs et ce mélange de proximité et d’horizons ouverts qui façonnent une manière d’être au monde. Aujourd’hui installée à Nods, elle y revient sans cesse — par attachement, par respiration, et parce que ses images, d’une manière ou d’une autre, y prennent toujours racine.
Après le gymnase à Bienne, le chemin n’est pas encore tracé. Elle commence l’université, hésite, cherche. Puis viennent les stages. À 21 ou 22 ans, un passage à TeleBielingue agit comme un déclic : le rythme, le terrain, la fabrication du récit. Le stage se prolonge, puis viennent les collaborations en freelance, notamment pour la chaîne. Ensuite, presque cinq ans à la radio locale RJB comme animatrice : une école de la voix, de l’écoute, de l’instant présent. Mais assez vite, une évidence s’impose : ce qui l’attire profondément, c’est l’image.

Du son vers le cadre
Elle part alors à Paris, où elle suit un bachelor en documentaire. Là-bas, elle affine une manière de filmer qui ne force rien, qui approche avec délicatesse, attentive aux silences autant qu’aux paroles. En parallèle, elle continue à travailler comme journaliste-reporter d’images, tout en développant ses propres projets. Paris lui offre une densité culturelle stimulante, mais sans jamais rompre le fil qui la relie au Plateau.
C’est dans ce contexte qu’elle se met à travailler sur son premier long métrage documentaire, Dis-moi ton secret. Un film né d’une question ancienne, presque intime, et d’un souvenir d’enfance qui n’a jamais cessé de l’accompagner.
La part du mystère
Dans sa famille, un épisode a marqué durablement les esprits. L’une de ses petites sœurs — Leïla en a trois — avait, enfant, une tumeur à la gorge. Les médecins ne savaient pas précisément de quoi il s’agissait et recommandaient une intervention. Les parents refusent, quittent l’hôpital. Quelques jours plus tard, un ami de la famille, muet, pose ses mains autour de la gorge de la fillette. La tumeur disparaît. L’enfant répète ensuite, avec la certitude limpide des très jeunes : « le vieux monsieur m’a pris ma boule ».
On lui dira plus tard que les fées n’existent pas, qu’il faut se méfier des sorcières. Mais Leïla a grandi avec un père attentif, joueur, qui a appris à ses filles à regarder la nature de près, à s’y plonger avec curiosité et respect. Dis-moi ton secret ne cherche pas à expliquer ni à convaincre. Le film observe, écoute, questionne. Il laisse une place au doute, à l’invisible, à cette part de mystère qui résiste aux certitudes trop rapides.
Revenir à l’essentiel
Lorsqu’elle revient sur le Plateau avec cette expérience et ce film, elle choisit de faire ce qui la touche vraiment. Et puis, elle est devenue maman. Son fils, Lenny, a modifié l’échelle des choses. Paris était riche, foisonnant, mais voir son enfant grandir ici, courir dans les prés, jouer dehors, lui paraît aujourd’hui une évidence. Un besoin. Un héritage à transmettre.

Elle continue de travailler à TeleBielingue et propose une série, Un jour en sept minutes. L’un des épisodes suit la sage-femme qui l’a accompagnée lors de son accouchement. Une figure reconnue, presque emblématique dans le milieu biennois, dont le travail la fascine. L’idée d’un film plus long autour de cette femme continue de mûrir : quelque chose de fort, profondément humain, et pourtant très ancré dans la région. Ces projets racontent aussi une manière de vivre, étroitement liée au territoire. Le Plateau n’est pas seulement un décor, mais un espace de ressourcement, un lieu où Leïla Thévoz se retrouve pleinement.
Le Plateau comme respiration
Depuis l’âge de dix ans, l’équitation occupe une place centrale dans sa vie. Le cheval est son animal fétiche. Avec Hidylle, elle traverse les marais, longe les forêts, galope quand l’espace s’ouvre. « C’est ma méditation », dit-elle. Là, elle se sent libre, pleinement présente.
Elle aime aussi le lac, tout proche. Cette possibilité, presque évidente quand on vit sur le Plateau, de passer rapidement des hauteurs aux rives. Elle nage, rame en paddle, pratique le foil, avec cette impression de voler au-dessus de l’eau. Une sensation de légèreté qui fait écho à sa manière d’aborder la vie et le travail.
Son lieu préféré reste pourtant une petite forêt, derrière la dernière ferme de Châtillon, en direction de Lignières. Avant d’y arriver, juste là. Elle aime l’automne, les couleurs, mais aussi cette période où le givre recouvre les branches, quand le paysage devient silencieux et presque irréel. Poétique, parfait.
Attachée aux gens, à sa famille, à ses sœurs — quand elles se retrouvent à Nods, c’est toujours la fête — Leïla Thévoz incarne une manière d’habiter le Plateau sans nostalgie, mais avec profondeur. Filmer le proche, croire encore à une forme de magie du réel, avancer avec douceur et exigence : chez elle, la sensibilité n’est pas un refuge, mais une force.
Céline Latscha

Légende-photo : Evoluer en toute liberté sur ce Plateau qui l’a vu grandir est pour Leila Thévoz un bonheur véritable.

Je souhaite à toutes et à tous, de belles fêtes, un Noël paisible, et tout de bon pour la nouvelle année.
Un bon fondement – à entretenir
Chez nous, on a quelque chose qu’on n’achète pas : la proximité. On se connaît, on se salue, on se croise. À l’école, dans les sociétés locales, au magasin, à la déchetterie, à l’assemblée communale… et souvent simplement « deux mots devant la porte ».
La proximité entre les citoyens du plateau apporte convivialité et renforce nos liens.
C’est un peu comme une terre ou une ferme : quand on l’entretient, ça donne. Quand on laisse aller, les mauvaises herbes poussent vite. Pas parce que les gens sont méchants – mais parce que c’est comme ça.
Quand on regarde autour de nous, on le sent : dans beaucoup d’endroits, le ton se durcit. Les avis s’éloignent, et parfois on a l’impression que chacun parle surtout « dans son coin ». Beaucoup ne s’informent plus que par leur propre canal, restent dans leur bulle – et ça devient plus difficile de se mettre vraiment à la place de l’autre.
En Suisse aussi, on en voit par moments les premiers signes. Et justement pour ça, j’aimerais qu’ici on fasse attention – pour que cette façon de se diviser ne prenne pas racine chez nous.
Ce que ces dernières années ont fait avec nous
La période du Covid a chamboulé bien des choses. La distance, l’incertitude, des informations parfois contradictoires… chez beaucoup, ça a laissé des questions. Et pendant qu’on se voyait moins, les réseaux sociaux, eux, sont devenus encore plus bruyants.
Résultat : des lectures très différentes de la situation. De la critique posée, jusqu’à des récits que d’autres appellent des théories du complot. Et ce n’est pas passé « ailleurs » : parfois, ça a traversé des familles, des amitiés, des voisinages.
Ça nous a rappelé une chose : la cohésion, c’est précieux… et c’est plus fragile qu’on ne le croit. Il suffit de peu pour que des malentendus deviennent des fossés.
Alors, certains se retirent, d’autres parlent plus fort – et le dialogue au milieu devient compliqué. C’est là, je crois, qu’on a quelque chose à faire : non pas chercher des coupables, mais trouver comment rester en conversation malgré des avis différents.
Peut-être que ça commence par du simple
Je ne pense pas qu’on règle ça avec de grands discours. Mais peut-être avec de petits pas – comme on le fait dans la vie de tous les jours.
On pourrait, par exemple, s’exercer à :
Et ça, ça ne commence pas à Berne. Ça commence chez nous : autour de la table, au bistrot, dans l’étable, au club, à l’assemblée.
L’humilité – comme avec la météo et la récolte
Pour moi, il y a un mot qui sonne un peu ancien, mais qui est très « de chez nous » : l’humilité.
L’humilité, c’est se dire : j’ai mon avis – avec mes expériences, ma situation, mon quotidien. Mais je ne vois pas tout. Et je peux me tromper.
C’est un peu comme la météo : on observe, on fait au mieux… et malgré tout, ça peut tourner autrement. Ou comme la récolte : on travaille, on s’applique, mais on sait bien qu’on ne maîtrise pas tout. C’est le ton qui fais la musique. Et souvent, ça change déjà l’ambiance. Le ton baisse. La discussion redevient possible.
Un vœu pour notre Plateau
Peu importe la religion ou la conviction de chacun. Peu importe notre sensibilité politique, notre âge, le fait d’être d’ici depuis toujours ou d’être arrivés plus récemment.
Allons les uns vers les autres. Parlons-nous – plutôt que de parler les uns des autres. Et ne laissons pas des désaccords devenir des fractures.
Comme ça, le Plateau peut rester une région où la diversité ne divise pas, mais enrichit – simplement, concrètement, humainement.
Je souhaite à toutes et à tous, de belles fêtes, un Noël paisible, et tout de bon pour la nouvelle année.
Valentin Wepfler
Président de Plateau Vivant
Evénements du Plateau :
Afin de valoriser les initiatives locales, Plateau Vivant met à disposition un agenda partagé.
Vous pouvez sélectionner :
Vous pouvez sélectionner en mode : grid, calendrier ou carte.
Si votre événement n’y figure pas encore, merci de nous contacter, nous serons heureux de l’inclure et de le promouvoir dans nos prochaines publications.
Nos Cynorhodons (Rosa canina) – un trésor rouge jusqu’en janvier
Les cynorhodons, ces petits soleils rouges d’hiver parfois surnommés gratte-culs, illuminent nos haies jusque tard dans la saison et regorgent de bienfaits. On les aperçoit partout sur le Plateau et dans le sud du Jura : le long des chemins, aux lisières des forêts et sur les versants ensoleillés.
Extrêmement riches en vitamine C – bien plus que les citrons – les cynorhodons renforcent naturellement le système immunitaire. Ils contiennent également des flavonoïdes et des antioxydants précieux pour la santé.
Après le gel, leur chair devient particulièrement douce et sucrée : le moment idéal pour les récolter.
• Tisane fraîche de cynorhodon (retirer les pépins)
• Compote ou marmelade de cynorhodon
• Poudre de cynorhodon pour lutter contre la fatigue hivernale
Un fruit simple, accessible, mais incroyablement nourrissant.
La Rosa canina est l’une des plus anciennes plantes médicinales d’Europe. Déjà, les Celtes utilisaient ses fruits rouge vif comme tonique d’hiver. Les Romains, eux, l’appréciaient pour combattre la fatigue et les infections.
Le terme « canina » provient d’un ancien récit romain affirmant que sa racine pouvait guérir une morsure de chien enragé (canis). Bien que cette histoire ne soit pas scientifiquement confirmée, elle a donné son nom à la plante.
Au fil des siècles, le cynorhodon est devenu une véritable plante de survie. En période de disette ou de guerre, il offrait une source fiable de vitamine C en hiver. Transformé en sirop, en compote ou en thé, il a soutenu la santé de générations entières — un savoir que beaucoup de grands-parents transmettent encore aujourd’hui.
Dans notre région, difficile de trouver une plante aussi précieuse, résistante et généreuse au cœur de l’hiver. Les cynorhodons nous accompagnent fidèlement jusqu’en janvier, offrant une dose naturelle d’énergie et de couleur dans les mois les plus froids.
Un petit fruit discret… mais un véritable allié de saison.
En cette période de fêtes où les lumières scintillent et où les odeurs de cannelle envahissent nos maisons, nous avons souhaité mettre à l’honneur une personnalité locale qui apporte douceur, réconfort et poésie gourmande à notre région.
Installé sur le Plateau, Patrice, chocolatier artisan, crée avec passion des pièces uniques sous son nom d’atelier : “Patrice” ch.ocolat (www.ocolat.ch) .
Plus qu’un chocolatier, il est un explorateur du goût, un alchimiste du cacao, un créateur qui met du cœur et du sens dans chaque carré.
Nous l’avons rencontré pour parler de son projet, de ses inspirations, … et bien sûr, de ses spécialités de Noël.
Hello Patrice, quel est ton projet ?
Patrice sourit avec la simplicité et la chaleur qu’on lui connaît.
« Apporter de la simplicité, des goûts bruts et enrichir mes chocolats de produits confectionnés par mes soins. L’envie d’offrir quelque chose de sincère et de vrai. »
Son atelier s’inscrit dans une démarche artisanale : petites productions, choix rigoureux des matières premières, créativité libre et respectueuse du produit.
Quels sont tes objectifs et ta mission ?
Patrice aime résumer son intention en trois mots : partager, éveiller, transmettre.
« Partager les saveurs, les douceurs avec des produits variés, délicieux, à base de chocolat, et ce fameux kakaw qui nous rappelle l’essence et l’origine du cacao. »
Kakaw est le mot ancien du cacao qui signifie la force et qu’utilisaient déjà les cultures amérindiennes. Ce produit a été créé avec la précieuse collaboration de Christelle Chopard. À travers ce terme, ils souhaitent rappeler que le chocolat est plus qu’une gourmandise : c’est un héritage, un aliment sacré dans certaines traditions, une matière pleine de caractère, de bienfaits pour la santé et d’histoire.

« Le chocolat, le cacao, c’est un monde. Une complexité aromatique incroyable. Un voyage sensoriel.»
Qu’est-ce qui t’a inspiré dans cette voie ?
Le regard de Patrice pétille lorsque l’on évoque sa démarche créative.
« Je cherchais une manière de m’exprimer qui allie la complexité et la liberté de création. C’est une matière vivante, sensible, qui demande de la précision, de la patience, mais qui offre une palette immense. »
Il évoque le travail fascinant du chocolat : la fluidité de la matière fondue, les parfums qui se développent à la chauffe, la transformation subtile entre températures, textures et gestuelle.
C’est cette approche artistique, sensible, presque poétique, qui l’a guidé vers son chemin d’expert artisan chocolatier.
Quel est l’impact de ton travail sur le développement régional ?
Au-delà du plaisir gustatif, l’atelier de Patrice contribue à plusieurs dimensions importantes pour notre Plateau.
• L’économie locale :
Patrice privilégie les circuits courts pour ses collaborations régionales. Cela crée des synergies, multiplie les échanges et renforce la vitalité économique de la région.
• La santé et le bien-être :
Un bon cacao de qualité, est un aliment riche en antioxydants, en magnésium, en flavonoïdes et vitamine C. Le kakaw active la sérotonine et est bénéfique pour le moral. Le kakaw, c’est un booster de bien-être naturel. Surtout quand il est pur et respecté. »
Ses produits contiennent peu d’additifs, des ingrédients simples, et surtout beaucoup de rigueur dans la qualité des ingrédients utilisés.
• La culture et la mise en valeur du territoire :
L’artisanat raconté par Patrice, les ateliers qu’il souhaite développer, les dégustations, les créations sur mesure pour des événements… tout cela contribue à enrichir l’offre culturelle et gastronomique du Plateau.
Quels sont tes défis du moment ?
Comme beaucoup de créateurs passionnés, Patrice sourit lorsqu’on aborde ce sujet.
« Mon plus grand défi ? Trouver le temps ! J’ai beaucoup d’idées, trop même. J’aimerais développer de nouveaux produits, explorer de nouvelle saveurs, proposer des ateliers… mais les journées ne font que 24 heures. »
Le second défi est la visibilité.
« Je dois me faire connaître davantage. Les gens qui goûtent mes chocolats reviennent, mais il faut que le bouche-à-oreille continue. »

Et pour les fêtes de Noël ?
« Noël, c’est la saison du chocolat. »
Cette année, il propose :
• des pralinés artisanales aux saveurs épicées,
• des tablettes festives praliné–orange, mandarine, ou grand cru pur,
• des truffettes crémeuses
• des figurines de Noël 100 % artisanales,
• et quelques créations secrètes qu’il ne dévoile qu’aux visiteurs de dernière minute…
Chaque pièce est pensée avec soin, souvent en édition limitée.
Vous trouvez ses chocolats sur Le Plateau
Un chocolatier qui enrichit notre Plateau
Avec sa passion, sa créativité et son engagement pour un chocolat et un cacao de qualité, Patrice apporte une dimension unique à notre région. Son travail est une invitation à savourer, à découvrir, à ralentir — et à célébrer l’artisanat local.
En ces fêtes de Noël, soutenir un artisan du Plateau, c’est aussi nourrir notre économie, encourager le savoir-faire et savourer un produit authentique.
Nous lui souhaitons un magnifique mois de décembre… et beaucoup de douceur pour l’année à venir.
La Gazette ouvre un nouveau chapitre :
une rubrique de portraits dédiée aux habitants et habitantes qui font vivre le Plateau de Diesse.
Et si vous en faisiez partie ?
Nous recherchons des personnes dont l’engagement, le bénévolat, le caractère singulier ou la connaissance du Plateau méritent d’être mis à l’honneur.
Peut-être connaissez-vous quelqu’un qui incarne cet esprit ?
avec Vincent Bourrut
Prêles – Son regard capte ce qui nous échappe. Troubadour de l’instant, barde des nuances et des nuées, Vincent Bourrut est homme qui façonne un monde suspendu, où la lumière se fait confidence. Où chaque paysage révèle quelque chose de lui, sans jamais tout dévoiler.
Il y a, quelque part entre les collines du Plateau de Diesse et la brume matinale sur le lac de Bienne, un monde griffonné à l’encre sensible de quelqu’un qui écoute la lumière, sait capturer l’indicible, Vincent Bourrut. Enfant du « haut », né à La Chaux-de-Fonds en 1973, il pose ses valises aujourd’hui entre ciel et pâturages, dans ce coin du Jura bernois qu’il tient pour son refuge, son « île ». Un enracinement qui éclaire son parcours.
Etre chez soi, en s’ancrant ici
« J’ai commencé la photographie amateur à 26 ans, après des études d’informatique », confie-t-il. Ce basculement tardif, loin du parcours classique, donne d’emblée la tonalité de sa démarche : mêler la rigueur (cet œil affûté de technicien) à une quête d’atmosphère. Fidèle à ses attaches du Jura neuchâtelois et à ces ambiances de hautes terres, il s’installe sur le Plateau de Diesse, où le halo matinal, presque fantomatique aime à s’attarder, où le matin s’éveille sans bruit, “comme un voile posé sur les collines”.
« Quand je suis arrivé ici, je me suis dit : c’est chez moi. Avant, nous vivions à La Neuveville, mais je ne suis définitivement pas un lacustre. Le lac ne me manque pas. J’aime les montagnes », glisse-t-il, presque surpris lui-même de ce sentiment immédiat d’être arrivé à destination. Ce refuge intime transparaît dans ses clichés : un arbre solitaire qui émerge de nulle part, une prairie découvrant sa rosée à l’aube, un ruisseau dont le miroir troublé tremble sous les nuages.
L’arrière-monde en filigrane
Ses photographies révèlent une double nature : d’un côté, une douceur enveloppante – des teintes pastel, des formes floutées, une lumière tamisée ; de l’autre, des contrastes francs, une présence dense du réel. « Je suis d’un naturel plutôt ouvert… mais j’ai un côté anxieux et perfectionniste », reconnaît-il. Cette tension intérieure nourrit ses images : le calme apparent masque une quête, une vigilance, un désir presque obsessionnel de saisir l’instant juste.
Il ne jure que par la lumière naturelle. « Sans hésitation, lumière naturelle ! », affirme-t-il. La brume, surtout, est devenue son langage : elle rend l’air tangible, suspend le temps, invite le regard à glisser vers la sensation plutôt que vers la description. Elle transforme un paysage familier en confidence lumineuse.
Le professionnel, l’artiste, l’homme
Professionnel reconnu, il réalise reportages, portraits, mariages. Mais chez lui, jamais la commande n’efface l’artiste. Chaque séance porte quelque chose de son monde : une poésie diffuse, une présence discrète, une écoute patiente. On l’imagine guettant l’heure bleue, traquant la lumière rasante sur une route de campagne ou captant la musique des lieux, un silence quasi religieux qui s’installe quand la nature retient son souffle.
« Ce n’est pas l’appareil qui fait la photo », dit-il avec douceur, comme une évidence.
Puis est venue récemment une nouvelle respiration dans son travail, une envie de se réinventer. D’explorer d’autres territoires. Un penchant pour l’architecture, l’urbain, le graphisme des volumes. Il a choisi d’explorer ses propres racines à La Chaux-de-Fonds, avec des images au cadrage plus affirmé, aux lignes plus nettes, aux jeux de formes et de contrastes. Ce tournant s’illustre notamment dans son calendrier 2026 dédié à la métropole horlogère, où chaque mois dévoile un angle inédit de la ville. Cette série architecturale n’est pas un simple projet secondaire : c’est l’extension d’un univers, le prolongement de sa quête de lumière, mais désormais appliquée à l’espace construit, à la géométrie, à l’héritage urbain. Cette évolution visuelle révèle une autre facette de son tempérament : une sensibilité où l’ombre, la tension et les contrastes trouvent aussi leur place.
Comme cette part plus sombre que l’on retrouve dans ses goûts musicaux. Le métal, le dark jazz en ce moment, des univers plus rugueux qui contrastent avec la délicatesse de ses images. Cette dualité — ombre d’un côté, douceur de l’autre — traverse à la fois l’homme et son œuvre. Et c’est dans ce dialogue intérieur que se comprend son attachement au Plateau de Diesse, ce lieu qui apaise autant qu’il inspire.
Là où tout s’apaise
Un Plateau qui n’est pas seulement territoire pour lui. C’est une respiration. Un espace entre deux mondes, presque une île. Il aime ce sentiment d’éloignement sans isolement, cette manière qu’a le paysage de le tenir à distance juste ce qu’il faut pour stimuler son regard. « La patience et la persévérance sont essentielles », confie-t-il parfois. Alors il marche, il observe, il attend. La lumière finit toujours par venir.
Quand elle glisse alors sur le relief et que le paysage se dépouille de l’essentiel, sa photographie se mue en signature : une douceur rare, souvent touchante, jamais mièvre. Et derrière cette délicatesse, une densité émotionnelle, comme un écho de ses préférences. En matière de musique, certes, mais également pour ce qui est de la littérature. Ainsi, il nourrit aussi son imaginaire de lectures habitées par l’ombre : Edgar Allan Poe, Lovecraft, Stephen King. Des auteurs qui scrutent les failles, les silences, l’envers du décor. On retrouve chez lui cette même attention au trouble discret, cette manière d’aborder le monde par ses marges. Poe, avec sa profondeur mélancolique, résonne dans sa sensibilité fine ; Lovecraft, avec ses horizons inquiétants, dans son goût des atmosphères denses. Stephen King, enfin, dans cette faculté à révéler l’étrangeté tapie sous l’ordinaire. Sans que ses images ne deviennent sombres pour autant, elles portent parfois cette tension légère — une façon de suggérer que tout paysage, aussi paisible soit-il, cache toujours une histoire plus profonde.
Un regard à part
Rencontrer Vincent, c’est découvrir un homme discret, exigeant, quelquefois inquiet, toujours en quête de justesse. Rigueur et perfectionnisme.« Je suis un éternel insatisfait », glisse-t-il, presque en s’excusant. Mais c’est peut-être justement cette insatisfaction qui nourrit sa poésie : un désir constant de s’approcher de l’essentiel, faire corps avec le paysage, quel qu’il soit.
En s’ouvrant à d’autres horizons, Vincent Bourrut ne renonce jamais à ce qu’il est intrinsèquement. Un homme de lumière et d’ombre, de rigueur et de douceur, un artisan de la brume. Son Plateau est devenu son île — une île intérieure autant que géographique — d’où il regarde le monde, patiemment, humblement, poétiquement.
Céline Latscha
Un savoir-faire qui a du goût
Rencontre avec les co-créatrices : Thiébaut Valérie et Rouiller Danielle
Qu’est-ce qui distingue votre travail ?
Depuis 2016, nous fabriquons des pâtes artisanales, bio et régionales à partir de nos propres céréales : épeautre, blé, seigle et amidonnier. Nous maîtrisons toute la chaîne, de la culture à la transformation, pour offrir des produits authentiques et savoureux.
Quels sont vos objectifs ?
Valoriser la production agricole locale en proposant des produits régionaux de qualité, fabriqués avec plaisir. À long terme, contribuer à une économie plus solidaire et durable.
Qu’est-ce qui vous motive ?
Transformer nos propres céréales et recevoir les retours chaleureux et enthousiastes de nos clients. C’est ce lien direct qui donne du sens à notre travail.
Votre plus grand défi ?
Faire connaître notre savoir-faire et nos produits à une plus large échelle dans la région.
Journée porte ouvertes: Porte ouverte de l’atelier “Aux mille pâtes” fabrication de pâtes artisanales
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